Benqué-Dessous-et-Dessus (31)
On ne peut pas ne pas voir la plaque apposée au seuil de l’église de Benqué-Dessus et qui rappelle la disparition des frères SAUDINOS en août 1914, dès le premier mois de la guerre, à seulement 6 jours d’intervalle (pour la famille, d’abord le silence, l’absence de la moindre nouvelle, puis la longue attente anxieuse mêlée à toujours un espoir – le soldat pouvait avoir été fait prisonnier – et finalement le choc de l’avis officiel que je suppose très tardif, ont dû être des heures terribles). Jean-Pierre Théodore avait 24 ans et Jean François 22 ans. Ils appartenaient à deux divisions d’infanterie différentes mais étaient engagés dans le même secteur frontalier au sein du 17e corps d’armée. Jean-Pierre Théodore, incorporé dans le 11e régiment d’infanterie de Montauban, a disparu le 22 août durant la bataille de Bertrix, l’un des plus vastes carnages du début du conflit. Comme plusieurs dizaines de milliers de combattants de la Grande Guerre, son corps n’a jamais été retrouvé (Jean François est lui inhumé près de Thelonne à la Nécropole nationale « La Marfée »). A lire : les 3 pages de l’article de M. Florens publié dans la revue d’histoire Arkheia, et le mémoire complet de P. Cammarata (lien ; attendre un peu pour le chargement).
22 août 1914 : rien que cette seule journée-là, lors de l’offensive vers les Ardennes belges, 27 000 soldats français sont tués !
A l’église de Benqué-Dessous, deux frères encore, les SASSOURE (fils de Pierre Jean Sassoure et de Pierrette Oustalet). Jean-Marie est mort à Laffaux, juste au déclenchement de la désastreuse offensive Nivelle au Chemin des Dames (30 000 tués et 100 000 blessés en quelques jours, du 16 au 25 avril 1917, pour un gain de terrain quasi nul), échec sanglant à l’origine de nombreuses mutineries et associé à la célèbre Chanson de Craonne – je vous recommande de l’écouter interprétée par Dominique Grange sur l’album « Des lendemains qui saignent » (label Juste une Trace) consacré entièrement – 10 chansons – au « grand abattoir 14-18 » . Feuilletez donc les pages 18 à 33 du JMO du 24e régiment d’infanterie coloniale, je vous assure, c’est vraiment édifiant (Jean-Marie se trouve comptabilisé p. 22). Maurice, jeune frère de Jean-Marie, sera tué l’année suivante à Rouge-Maison/Vailly, à quelques kilomètres de Laffaux, le premier jour de la bataille de l’Aisne lors de la seconde bataille de la Marne (au cours de « combats acharnés » rapporte le JMO du 93e RI, p. 29).
Pierre TINE tombe le 16 juin 1915 en Artois.
C’est des suites d’une maladie contractée à la guerre que Guillaume JOUANETON meurt le 6 mars 1915 dans l’Allier, à Montluçon.
A nouveau un article très intéressant.
Il fait partie, je crois, de toute une série consacrée à la Grande Guerre.
Nous attendons la suite avec impatience…
Et… félicitations pour la nombreuse documentation.