Au sujet, aussi, de mon récent billet : « Saint-Lary, jadis port fluvial », voilà un passionnant article de J-M Minovez, relatif à la navigation sur le cours supérieur de la Garonne (attendre un peu pour le chargement).

A partir d’Ilhet et de Sarrancolin, des radeaux transportant de très lourds blocs de marbre circulaient autrefois sur la Neste d’Aure. Et peut-être dès l’époque impériale de l’Antiquité romaine, tandis que florissait la cité de Lugdunum Convenarum (Saint-Bertrand-de-Comminges) – cette question est cependant discutée par les historiens.

Lorsque l’on voit le faible niveau actuel de la rivière, on a du mal, bien sûr, à imaginer cela.

Pourtant, pendant des siècles, un trafic fluvial existait sur la Neste. En particulier, sous le règne de Louis XIV.

Louis Antoine de Pardailllan de Gondrin, duc d’Antin (vous connaissez : Madame de Montespan, une station de métro à Paris ?) fut un personnage clef, en promouvant les marbres pyrénéens jusqu’au Château de Versailles.

Plus curieux, les marbres de la vallée de Campan – la carrière d’Espiadet – ont transité par voie fluviale en vallée d’Aure. Le « Chemin Royal pour les marbres », ouvert par Pierre de Lassus en 1713, permettait l’entreprise.

Pour en savoir davantage sur la question, à consulter absolument cet article (p. 25) et un autre, dont l’auteur est le spécialiste P. Julien.

A noter : une transcription faite par l’abbé F. Marsan laisse entendre que déjà le 10 novembre 1629 le marbre de Campan pouvait être acheminé via la vallée d’Aure en vue d’un radelage, donc plusieurs décennies avant  la création officielle du « Chemin Royal pour les marbres ».

Quoi qu’il en soit, les marbres pyrénéens ont été diffusés déjà dans l’Antiquité, par voie fluviale, maritime ou terrestre, très loin de leur lieu d’extraction.

Comme j’ai pu l’observer en Dordogne à la villa de Montcaret, ce matériau lithique a beaucoup voyagé.

N’oublions pas que le marbre de Campan se retrouve à Lyon (Lugdunum, département du Rhône), et en Italie, sous la dénomination de cippolino mandolato, dans la villa de l’empereur Hadrien à Tivoli.

(15/03/2012) La carrière d’Espiadet (Campan), aujourd’hui.
(11/12/2009) Tracé du « Chemin Royal pour les marbres », entre la marbrière d’Espiadet et le col de Beyrède.
(10/03/2012) Marbre de Campan (« griotte », avec des veines blanches).
(10/03/2012) Autre variété de marbre de Campan (Campan vert).
Louis Antoine de Pardaillan de Gondrin, duc d’Antin. Portrait célèbre peint par Hyacinthe Rigaud.