– Je transcris les propos de Robert, utilisant des guillemets pour faire ressortir certains d’entre eux.
Une urbanisation outrancière
On construit, on bétonne à tout va dans nombre de vallées pyrénéennes. Des villages traditionnels, des sites magnifiques sont défigurés à jamais. Les nouvelles bâtisses, immeubles ou maisons, resteront volets clos en dehors de quelques semaines voire quelques jours par an. Il s’agit en général non pas de lieux de vie, mais de simples placements financiers.
Le pire se voit en Andorre, « une insulte à la montagne ». Le pays, suréquipé de stations de ski, a été littéralement vandalisé.
Luna Park national des Pyrénées
Le parc national des Pyrénées a failli à sa mission première : protéger, sanctuariser la nature.
Cause essentielle de surfréquentation, les routes d’altitude (Troumouse, col de Tentes, Aubert-Aumar) sont aménagées au lieu d’être fermées ou même démontées.
Tout est fait pour attirer la foule dans ce qui est aujourd’hui un parc d’attraction. On s’y rend « un peu comme à Disneyland ». Ainsi, en particulier, au Pont d’Espagne, où vous attendent un immense parking payant et une télécabine – afin de gagner une dénivellation ridicule, de 70 m !
Le fric, et encore le fric
Routes payantes, parkings payants se multiplient côté français et côté espagnol des Pyrénées.
Si l’on ne consomme pas, ou peu, l’accueil risque d’être glacial dans certains refuges gardés.
Les cabanes et les abris ouverts gratuitement à tous (coutume ancestrale qui répond au devoir d’hospitalité) deviennent rares.
Des animaux à sang froid
Une mode assez récente consiste à faire de la montagne en lorgnant toujours sa montre, grimper pour établir un horaire ultra-rapide sur du rocher aseptisé, ou courir à la limite de la suffocation revêtu d’un collant fluo (trail).
Il faut aller vite, pas le temps de regarder les fleurs !
On vient de loin pour les blocs de Targassonne ; de nos jours, la face nord du Vignemale n’attire guère.
Les marches d’approche sont dédaignées.
Nous sommes à l’opposé du pyrénéisme…
Ces « animaux à sang froid » se rencontrent aussi au Caroux : un petit comité obtus y modifie à sa guise l’équipement des voies classiques, retirant les pitons plantés par les grands anciens (Fraissinet, Desmaison), de manière à rendre l’escalade plus difficile et normalisée.
ARVA, sonde, pelle, airbag, portable, radio, GPS, etc.
Le matériel hivernal dit de sécurité procure paradoxalement « une fausse sécurité » qui occasionne de nombreux accidents. Mises en confiance parce que bardées d’appareils (dont souvent d’ailleurs elles ne savent même pas se servir), des personnes sans expérience suffisante, parfois franchement irresponsables, se mettent en danger.
Il existe pourtant une règle de bon sens montagnard : la prévention avant tout, ne pas être pris dans une avalanche !
La meilleure des garanties, c’est un solide apprentissage de la montagne et de la neige, et beaucoup d’humilité.
Quant aux portables, radios, GPS, sont-ils absolument nécessaires ?
L’esprit pyrénéiste
Aller en montagne, voir, rêver, partager.
L’entraide, l’amitié montagnarde ne sont pas de vains mots. Se croiser, échanger sur les chemins. Au refuge : discuter, grignoter ensemble, se passer un coup de rouge, chanter, réfléchir, rigoler.
Faire des projets.
Rester une heure sur un sommet. Bivouaquer en altitude pour observer les étoiles, la lune, le lever du jour, non, ce n’est pas ringard. « Vive les nuits russelliennes ! »
Article très intéressant…
A méditer…
Mais, que sont les « nuits russelliennes » ?
Les « nuits russelliennes » ? Voilà un sujet pour un prochain petit article…
Merci, j’attends avec intérêt l’article annoncé…
D’accord avec une partie de votre philosophie… Mais, pas d’accord pour la fermeture des routes d’altitude. Je suis un adepte des nuits russelliennes à la belle étoiles et j’ai dû abandonner certains sommets parce qu’à la soixantaine, je veux bien monter mon matériel de bivouac à 800 m plus haut que le parking, mais pas à 1500 m. GPS et portable peuvent aussi être coupés et ne servir qu’en cas de pépin ; regarder sa montre, c’est d’abord regarder son altimètre.