Il existe différentes localités en France qui portent le nom de Saint-Lary (c’est-à-dire Saint-Hilaire, choisi comme saint patron).

Dans les Hautes-Pyrénées, Saint-Lary est de nos jours une importante station de sports d’hiver, une des toutes premières de la chaîne : « Saint-Lary-Soulan », depuis la fusion des communes, Saint-Lary et Soulan, en 1963. On y vient nombreux aussi pour la montagne d’été et le thermalisme.

Cet essor touristique majeur pourrait faire oublier que, jusqu’au XIXe siècle, le village de Saint-Lary vivait en partie de l’activité fluviale, précisément du flottage du bois.

Saint-Lary était en effet le premier port en amont sur la Neste (d’Aure).

Les nombreuses installations hydro-électriques ou liées au canal de la Neste ont modifié depuis, d’une manière conséquente, le débit de la rivière.

Présumons qu’il devait y avoir à l’époque davantage de fonte au printemps et en été (hivers mieux enneigés, glaciers plus étendus).

Au besoin, des digues étaient construites. On procédait ensuite à des lâchers d’eau.

Le lit de la rivière, il fallait le surveiller de près et l’entretenir.

L’activité ne se pratiquait pas en hiver, à cause de la rétention nivale.

Arrivaient à Saint-Lary des grumes traînées par des attelages de boeufs ou ayant flotté à bûches perdues, que l’on rassemblait alors pour former des trains ou des radeaux.

Piloter un radeau pouvait bien sûr être périlleux.

Sous l’Ancien Régime, au XVIIIe siècle, le bois était essentiellement destiné à la Marine royale (mâts de vaisseaux, rames). On allait abattre les sapins jusqu’en Espagne, dans la vallée de Gistain, en transitant par le Rioumajou !

Extraits

Afin de mieux éclairer le lecteur, voici quelques textes en rapport avec le sujet.

(J’aborderai aussi très bientôt sur le blog un thème voisin : le flottage du marbre en vallée d’Aure.)

– « …ce qui doit surtout exciter l’intérêt de l’observateur, c’est le village de Saint-Lary. Il admirera l’activité, le mouvement, l’aisance que donnent à ce petit village les seuls travaux de la construction des radeaux et du flottage du bois, principale branche du commerce de la vallée d’Aure avec l’intérieur. C’est là que la Neste devient flottable… »

(Voyage pittoresque dans les Pyrénées françaises et dans les Départements adjacents, texte de J.-A. Cervini, aquatintes de A.-I. Melling, Paris, 1826-1830)

– « La Neste jouait autrefois un grand rôle pour le flottage du bois et des marbres de la vallée d’Aure.

La Neste d’Aure était flottable depuis Saint-Lary. Des vannes permettaient de retenir l’eau pour accroître le débit à un moment donné. De Saint-Lary jusqu’à Sarrancolin nombreux étaient les ports pour l’opération du radelage ; le siège de la corporation des radeliers, qui se recrutaient dans la région, était à Ilhet et la patronne de la corporation était sainte Catherine d’Alexandrie. Les transports de bois et de marbre se faisaient jusqu’au port Garaud, à Toulouse… »

(Bulletin de la Société Académique des Hautes-Pyrénées, 1935, communication de l’abbé F. Marsan, Actes de la Société, séance du 4 mars 1933)

– « Saint-Lary est le premier port sur la Neste. Les fûts, descendus de la montagne par charroi ou à bûches perdues, sont amassés en petits radeaux et solidement encordés. L’équipage varie de deux à cinq hommes qui, munis de gaffes, les unes à l’avant, les autres à l’arrière, dirigent le train. »

(Les Quatre-Vallées, A. Sarramon, Editions Milan,1985)

(Image à zoomer) Radelage sur la Neste d’Aure, à la hauteur de Camous. (A.-I. Melling, op. cit., 1826-1830)