L’inadaptation évidente de l’uniforme du fantassin français au début du conflit – en 1914 et 1915 – mérite toujours d’être soulignée. Car la guerre contre l’Allemagne était attendue sinon souhaitée par les états-majors depuis plusieurs années, pour ne pas dire dès 1871. Cet équipement défectueux s’explique pour l’essentiel par des choix politiques ou militaires fautifs.

Absence de casque, port d’un simple képi. Puis distribution d’une médiévale cervelière.

Pantalon garance très voyant et képi rouge aussi. Certes un couvre-képi bleu est distribué, quand même. Auteur avec l’historien Jean-Pierre Verney des incontournables albums Putain de guerre ! (voir mon article et les liens sur le blog), Jacques Tardi parle à fort juste titre de l’envoi de soldats « quasiment déguisés en cibles » et estime qu’ « à ce niveau-là, c’est criminel ».

Gouaux-de-Larboust (31)

Quelques précisions au sujet des frères DAUREU. Leur père était Bernard Daureu, leur mère Marie Lo. François (Léon Alpinien) est tué à l’âge de 22 ans le 30 septembre 1914 au bois de Cheppy. Deux ans plus tard, malgré la protection du casque Adrian qui équipe les troupes à cette époque, c’est Jean qui décède, à 31 ans, le 25 septembre 1916 à l’hôpital d’Orléans d’un « abcès du cerveau, suites de blessures par éclats d’obus ». Jean sera enterré à Gouaux.

Les frères SANS, natifs de Jurvielle (fils de Jean Sans et de Louise Bourg), succombent tous deux en 1914. Jean Pierre (32 ans) le 22 septembre à Courtémont, ambulance n° 1, selon sa fiche « Mort pour la France ». Jean Antoine (il aurait fêté ses 30 ans le 5 décembre) le 1er ou le 2 décembre, ayant combattu lors de la fameuse prise d’assaut du château de Vermelles.

Quant aux frères OUSTALET (parents : Augustin Oustalet et Marie Mengue), ils meurent l’un et l’autre de maladies contractées à la guerre, Bertrand, 27 ans, à l’hôpital de Châlons-sur-Marne le 31 octobre 1914, et Aventin le 19 juin 1916 à l’hôpital de Brive, six jours seulement après son vingtième anniversaire…

Adrien JAMPOC, 39 ans, décède le 7 février 1917 dans un hôpital gersois lui aussi d’une maladie contractée à la guerre.

Gilbert OUSTEAU (30 ans), né à Germ, périt le 30 juin 1915 sur le front de l’Argonne à Fontaine-Madame au cours de la violente attaque de son régiment par l’armée du Kronprinz.

C’est devant Perthes-lès-Hurlus – village entièrement dévasté et jamais reconstruit –  que Jérôme LAFONT (24 ans) perd la vie tout comme quelques mois plus tôt le peintre expressionniste allemand August Macke. D’après sa fiche « Mort pour la France », Jérôme succombe à ses blessures le 9 mars 1915 à la maison forestière ambulance n° 10. Juste le lendemain, à proximité immédiate – cela donne une exacte idée du vécu des troupes dans le secteur – débute l’affaire des caporaux de Souain, fusillés pour l’exemple, et enfin réhabilités en 1934.

Il faut absolument parcourir les pages 34 à 59 du JMO du 413e RI ! Le 25 avril 1918, pendant les terribles combats de la bataille du mont Kemmel (bataille de la Lys), François ARNAUDUC est porté disparu (son nom est inscrit en haut à gauche de la p. 43). François avait 21 ans.

« Ici repose Simon NESTIER 1877-1920  Mort des suites de la Gde Guerre  Pieux souvenir de sa famille » : j’ai relevé cette épitaphe peu lisible sur une tombe du cimetière de Gouaux. Blessures ou maladie sans doute.

Simon avait donc ou allait avoir 43 ans, l’âge d’Exupère BOURDETTE, né le 13 mars 1874, lorsque celui-ci a été « tué à l’ennemi » le 28 avril 1917 sur le front de Champagne à Prosnes (et non en Lorraine à Souilly – il s’agit d’une erreur sur sa plaque au village).

Réalité de nos jours souvent méconnue, les quadragénaires ont été mobilisés en masse durant la guerre. Incorporés dans les régiments d’infanterie territoriale, ils ont pu être engagés en première ligne, subissant eux aussi de très lourdes pertes.

Tenue des fantassins en 1914.
Cervelières (à porter en principe sous le képi).
Aquarelles de Georges Scott (L’Illustration, 16 décembre 1916).
(23/07/2012) Plaques apposées à un mur de l’église.
(23/07/2012) Les frères Daureu.
(23/07/2012) Ce petit monument aux deux frères morts se trouve sur la tombe familiale.
(23/07/2012) Les frères Sans.
(23/07/2012) Sans doute les frères Oustalet ou les frères Daureu.
(23/07/2012) Jean Dominique Jérôme Lafont.
(23/07/2012) Tombe de Simon Nestier.
Les classes mobilisées (L’Excelsior, 28 juillet 1919).
(Suite).
(23/07/2012) Exupère Etienne Bourdette.