Intéressons-nous à trois curieux bas-reliefs animaliers que l’on peut découvrir dans des vallées voisines, versant nord des Pyrénées centrales.
Certes, ces sculptures ont chacune une histoire séparée, mais, délicates à interpréter, elles possèdent en commun une bonne part de mystère…
Voici, tour à tour : la chèvre de Pailhac, le monstre de Ris, et l’ « ours » de Poubeau.
La chèvre de Pailhac
Il faut vraiment lever la tête pour distinguer la pierre insérée au sommet du clocher-mur de l’église romane de Pailhac, petit village aurois – dont je recommande le site web, très bien fait (la sculpture en question y est décrite à cette page).
Tout comme le morceau d’acrotère ou antéfixe visible dans le mur de la sacristie, il s’agit sans nul doute d’un remploi gallo-romain.
N’oublions pas que la vallée d’Aure était rattachée à la cité des Convènes (civitas Convenarum), qui avait Lugdunum pour capitale (de nos jours, Saint-Bertrand-de-Comminges).
La scène montre une chèvre broutant les feuilles ou les bourgeons d’un arbre/arbuste. Durant l’Antiquité romaine, la chèvre a été souvent sculptée (v. une note, p. 138).
Mais donner son sens à ce motif champêtre reste difficile. Est-ce une simple image de la vie campagnarde ? Y a-t-il un rapport avec le culte dionysiaque ? Quelle était l’étendue d’une fonction funéraire possible ?
Autre point qui mérite d’être mentionné. Il est très inhabituel qu’un remploi gallo-romain soit placé aussi haut (et bien au centre) d’un édifice religieux de l’ancien diocèse du Comminges. Serait-ce, dans un but conjuratoire, d’exorcisme, parce que la chèvre évoque traditionnellement le Diable ?

