Vous avez sans doute remarqué, à la première ligne de l’épitaphe de Silvana, que le second V d’Antullus est gravé en petit entre le second L et le S.
Toutes les autres lettres sont parfaitement écrites, à leur place, et elles ont chacune les mêmes dimensions.
Comment expliquer cela ? S’agit-il d’un oubli du lapicide – mot surprenant, qui désigne « celui qui grave des inscriptions sur la pierre ou qui la décore » – le V omis ayant ensuite été rajouté ? Y aurait-t-il éventuellement un sens caché, ésotérique ?
J’ai pensé à un exemple dans la vallée d’Aure voisine, à Cadeilhan-Trachère, où l’on découvre un linteau monolithe daté de 1559 sur lequel le prénom Bertran comporte curieusement une lettre manquante : le second R, inscrit semble-t-il tant bien que mal après coup (de ciseau !) au-dessus de la ligne. Le nom complet du propriétaire est Bertran ou Bertrandus Ferras.
En fait, si l’on étudie les nombreux monuments gallo-romains du Comminges, d’autres cas existent, presque similaires à celui de la plaque d’Anéran, avec une lettre de moindre taille (souvent un V, un I ou un O) insérée de façon atypique parmi les autres.
Et compte tenu de l’espace restreint offert par le support, une utilisation plus judicieuse du champ épigraphique paraît être la raison toute simple de la mise en page à première vue bizarre de l’épitaphe de Silvana.