Il était question du col des « Nobis » dans mon dernier article sur le blog.
Ce lieu de passage ancestral se trouve à peu près à mi-parcours (1606 m d’altitude) du chemin de randonnée balisé dit des « Nobis », qui relie deux villages de la haute vallée d’Aure, Soulan (vers 1300 m) et Aulon (vers 1200 m).
Voici quelques précisions destinées aux amateurs de toponymie.
Le mot occitan novis
Prononcé « nobis », le mot, gascon, est issu de l’occitan novis (nòvis), nom masculin pluriel qui signifie les « jeunes mariés » ou plus exactement les « nouveaux mariés ».
Le nom masculin singulier novi provient en effet du mot d’origine latine novius, « nouveau marié », de novus, « nouveau ».
Les novis étant le plus souvent jeunes, on évoque généralement de jeunes mariés, mais le mot peut s’appliquer à des mariés d’un certain âge.
A noter cependant que novi, novia ou novio au féminin selon la région, correspond aussi parfois à « fiancé, fiancée ». Le sens diffère donc légèrement dans ce cas.
Soulan et Aulon, une tradition de mariages intervillageois
Du fait de leur situation géographique – à l’écart des villages du fond de la vallée et assez proches l’un de l’autre, à une altitude voisine – Soulan et Aulon ont pendant des siècles entretenu des contacts privilégiés, en dépit de quelques inévitables litiges pastoraux.
Rappelons que la commune de Soulan n’a fusionné avec celle de Saint-Lary qu’en 1963.
Et les Aulonais étaient naguère raillés en vallée d’Aure, pris pour des gens pas très finauds habitant un site reculé.
Soulan et Aulon ont partagé une histoire matrimoniale qui tombe dans l’oubli aujourd’hui.
Jeunes gens et jeunes filles se rencontraient entre les deux villages, au détour d’un lacet du chemin dit de Lamudère (versant Soulan) ou de Soulan (versant Aulon).
C’est à ce chemin que l’on a donné le nom de « Nobis », car nombre de rencontres, devenues rendez-vous amoureux, se sont concrétisées plus tard par des fiançailles puis des mariages…
En outre, le grand jour du mariage, la procession empruntait bien sûr le chemin et le col des Nobis.
Lithographie de Ch. Philipon
Comme image d’en-tête de mon billet, j’ai choisi cette illustration facilement accessible grâce au magnifique site Rosalis.
Il s’agit d’une lithographie de Charles Philipon, resté célèbre en particulier pour ses caricatures de Louis-Philippe.
Le dessin, légendé « Fillette de la vallée d’Aure », représente une jeune fille vêtue d’un costume traditionnel quelque part en vallée d’Aure.